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Derrière son stand Erwan créations à Bijorhca, Erwan a le sourire, et le regard pétillant. A peine je commence à lui parler qu’il se lance dans un petit numéro de charme, tout 'en se la jouant' cool. En même temps c’est ce qu’il est : un mec tombé un peu par hasard dans la création, qui fait son job sans se prendre la tête.  "Je voulais être professeur de biologie, et je faisais des études pour. Mais suite à une conjoncture d’évènements, je me suis lancé dans la création".

En effet, le père d’Erwan, qui fait de la dorure et de l’argenterie, a une boutique dans le Vieux Lyon.  Il s’associe avec Sidney Carron, et c’est Erwan qui monte chercher les bijoux du créateur à Paris. "Sydney Caron m’a fasciné, il m’a raconté sa vie, et quand je suis redescendu sur Lyon, je me suis dit je vais faire des bijoux".  Le jeune homme, alors âgé de 22 ans, cherche un "concept" : "au départ, tu cherches une idée et tu imagines que tu vas révolutionner le monde de la création !".

Erwan trouve toutefois son idée, puisqu’il se lance dans la fabrication de bijoux à partir de bâtons de cannelle et d’aiguilles d’oursins.  "Ca ne se faisait pas à l’époque, et des bâtons de cannelle, il n’y en a pas deux pareil, les possibilités sont immenses". Erwan commence tout doucement les marchés, et voit que ses bijoux plaisent. "Je me faisais de l’argent de poche, mais je ne pouvais pas en vivre à l’année". Alors qu’il cherche un moyen de pérenniser son activité, son père et Sidney Carron arrêtent de travailler ensemble. "Mon père s’est retrouvé sans son principal client et fournisseur, et il avait une boutique à faire tourner. Ma sœur étant partie de la région, il s’est dit foutu pour foutu, autant garder la boutique, et il m’a proposé de la reprendre et de fabriquer des bijoux ensemble". Erwan s’est donc inspiré de ses bijoux en cannelle et en aiguilles d’oursins et a commencé par reproduire le côté bâton ou épine en métal, qu’il appose sur des pièces travaillées.


Le jeune créateur s’installe dans l’atelier de son père. Il crée les formes, son père les moule et les reproduit, puis les redonne à son fils qui travaille la matière finale. Erwan refait la boutique à neuf, et six mois après s’être lancé à temps plein dans la création, il ouvre la boutique. "Sans mon père, la création n’aurait peut-être pas pris cette ampleur dans ma vie. Ce qui est positif, c’est que nous sommes redevables l’un et l’autre.  Il m’a donné ma chance, et je lui ai permis de sauver la boutique. Mais les relations n’ont pas toujours été évidentes. Il y a eu des moments pendant lesquels on ne se parlait plus pour des raisons privées mais  nous étions amenés à communiquer en tant que professionnels, client et fournisseur". Et Erwan de reconnaître malgré tout qu’il a énormément de chance d’avoir eu cette opportunité.

Depuis deux ans, il vit de ses créations, et a une vendeuse qui travaille à temps plein. Car le créateur a peu de temps pour lui : entre la fabrication de ses pièces, la préparation des commandes pour la petite trentaine  de boutiques qui le distribuent, les rendez-vous avec les clients, il  n’arrête pas une minute. Créer lui prend finalement peu de temps : "en une semaine, je peux avoir fait une collection. Je crée de manière très spontanée. Je prends une forme, je la rabote, je la lime, je la tords, je la coupe, je la détourne. En fait, je détourne mes anciennes collections, et cela m’est de plus en plus facile car depuis six ans j’ai de plus en plus de bases de travail".

Ce qu’Erwan a conservé pendant toutes ces années, c’est le côté brut de ses bijoux : "j’aime un rond qui n’est pas rond, et un carré qui n’est pas carré. De toute façon, je n’ai pas fait de formation, je ne dessine jamais mes bijoux car je serais incapable de les reproduire". Ce n’est pas pour autant que le jeune homme souhaite se former, "car c'est cette manière spontanée de créer qui fait mon style" me dit-il d’un ton assuré.

J’espère que vous l’aurez remarqué, fidèles lectrices (et lecteurs ?!), Erwan est le premier CREATEUR de Parlons création. Les hommes, vous le reconnaîtrez, sont peu nombreux dans le milieu, ou alors ils se cachent ! Par conséquent, je n’ai pu m’empêcher de poser la question à Erwan : "ça te fait quoi d’évoluer dans un monde de femmes ?". "Les plus grands bijoutiers sont des hommes", me  répond-il fièrement. Avant d’ajouter :  "Mais il est vrai que les boutiques sont souvent tenues par des femmes, et que mes clientes sont avant tout des femmes… Alors quand elles ont à peu près mon âge, je la joue séducteur, et quand elles ont plutôt l’âge de ma maman, je joue le fils idéal !" C’est du sérieux la création au masculin !

Mais trêve de plaisanteries. Erwan aimerait se diversifier, afin de pouvoir s’exprimer sur d’autres supports. Le jeune homme qui se voyait professeur aimerait aussi donner des cours, "mais de quoi ? Encore faudrait-il que je définisse ce que je sais faire".  Des sublimes bijoux peut-être ? A force de prendre la vie comme elle vient, Erwan en oublie ce qu’il vaut :).

Erwan Créations

8 place Saint Jean

69005 Lyon

04 78 42 70 47

Et vous, vous aimez les bijoux d'Erwan ? Qu'en pensez-vous ?

Auteur : Agathe Descamps
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3 réponses to “Erwan Créations : des bijoux modernes et bruts sans fioritures”

  1. VASSY says:

    Vraiment plus je regarde et plus j’aime la cannelle, le rond qui tourne pas rond et le carré qui divague… encore!

  2. savadjan says:

    Un homme ! ça fait du bien finalement dans ce monde très axé féminin ! Le coup des bâtons de cannelle, j’adore !

    • Agathe says:

      Moi aussi j’adore les bâtons de cannelle 🙂 Je suis d’accord avec toi, ça fait du bien 🙂
      Bonne soirée ma belle ! A très vite !