Comme depuis trois semaines (depuis le salon Grain de Sel) je cours après Carole Crain, alias Lobelia Bulle, je me suis aperçue que cette fille là… ne s’arrête jamais. Je la pense à la boutique rue Saint-Opportune en train de vendre ses sublimes robes et jupes, que la voilà déjà repartie chercher du tissu dans le sentier. Alors pour changer, parce qu’il est toujours bon de varier les plaisirs et puisque je trouve que la forme et le rythme correspondent bien à Carole Crain, voici un papier format interview.
Bonjour Carole! Enfin, on arrive à se joindre ! Peux-tu te présenter ?
J’ai 29 ans, j’habite en région parisienne, j’ai un petit garçon de deux ans, et je suis pacsé avec mon amoureux. (Ça ne nous regarde pas mais je l’ai quand même écrit, il ne faudrait pas que son amoureux soit vexé !)
Depuis quand crées-tu ?
Depuis mes 15, 16 ans. Avec toutes les matières, que ce soit le bois, les tissus… Ah oui, et puis j’ai fait des bijoux aussi. Et ma prof de violon m’a appris à décorer des boîtes en carton avec du papier, elle avait dû se rendre compte que je n’étais pas plus douée que ça pour le violon !
Quelle formation as-tu suivie ?
J’ai fait une formation de décoratrice étalagiste pendant un an. J’ai ensuite travaillé à "la Samaritaine" de 2000 à 2003 puis à Etam. Quand on fait les vitrines, on recherche toujours des silhouettes, on tente de trouver le haut qui va correspondre au bas, et je trouvais que ça correspondait rarement. Du coup, j’ai décidé de créer mes propres vêtements, pour faire mes propres
silhouettes.
Tu as donc repris des études ?
Oui, pour être modéliste. Donc les 6 premiers mois, j’ai appris à coudre, puis je suis allée en alternance. D’ailleurs ça ne s’est pas
bien passé. Après, j’ai suivi les cours de l’Académie internationale de la coupe de Paris mais quand je suis sortie… Eh bien je n’ai pas trouvé de travail de modéliste. Du coup, j’ai repris un boulot d’étalagiste à mi-temps et j’ai
créé ma boîte en parallèle en juin 2008.
Justement, pourquoi Lobelia Bulle ?
Parce que les lobélies sont des plantes que j’aime beaucoup. Il en existe beaucoup de bleues, et des plus rares, les roses, qui ont un côté japonisant qui correspondait très bien à mes vêtements.
D’où vient ton inspiration pour tes créations ?
De mes souvenirs d’enfance, d’un tissu qui me rappelle ma grand-mère, d’un bouton. J’aime les remettre au goût du jour. Par exemple, pour la robe que je portais le jour où nous nous sommes rencontrées (voir la photo plus haut), le bouton, le biais et la coupe évasée sont très années seventies mais le modèle est complètement réinventé avec le tissu que j’utilise. Une cliente m’a dit
qu’une de mes créations lui rappelait sa grand-mère, c’est le compliment que je préfère. J’aime aussi énormément les plis, qui sont très vieux, mais qui donne une élégance au vêtement. Mais mon objectif est aussi de faire des confortables. C’est pour cela que je fais des vêtements qui ne sont pas près du corps. Afin que les femmes puissent montrer ce qui est joli et cacher ce qui
les mets moins à l’aise.
As-tu un atelier ?
Je travaille chez moi car ça me permet d’être disponible et d’aménager mes horaires. Je commence souvent à travailler vers 10 heures mais je travaille le soir, quand mon fils est couché. Pour moi, la vie de famille est très importante mais mon travail aussi. D’ailleurs je tiens à faire la distinction : je ne suis pas mom’preneur. Ce terme à une connotation de femme au foyer qui s’amuse avec une activité à côté, ce qui n’est pas mon cas. Mon projet est de vivre de mes créations, et mon envie de créer est bien antérieure à la naissance de mon enfant.
Te tiens-tu au courant de ce qui se fait dans la mode, des défilés, es-tu abonnée à des magazines comme Vogue ?
Non, j’aurais trop peur d’être influencée. Par contre, j’ai eu envie de faire un imper en coton enduit : je me suis rendue à la
bibliothèque, j’ai emprunté le livre "mimi-cracra".
Les souvenirs, mimi-cracra… Encore un pied dans l’enfance?Non, même si j’aime l’insouciance de l’enfance, le côté 'tout est possible'. Quand on est adulte, on est contraint par pleins de choses.
Vis-tu de tes créations ? Oui, depuis août dernier, j'arrive à en vivre. Mais mon installation à l’Espace créateurs des Halles a été un véritable accélérateur.
Quelle créatrice souhaiterais-tu présenter aux lecteurs du blog? Kilin, une créatrice de chapeaux. Nous avons la même vision de la mode. Le mélange des tissus et des matières qu’elle réalise m’impressionne. D’ailleurs, nous aimerions faire des créations qui puissent se compléter mais nous n’avons pas encore eu le temps.
Les points de vente où vous pouvez trouver les collections de Lobelia Bulle
Boutique 5 - Espace créateurs
Métro : les Halles
Ouvert du lundi au dimanche de 11H00 à 20H00
Marché Ethic
25 Rue Maréchal Joffre
64000 Pau
Lobelia Bulle sera également présente au marché de Noël de Malakoff les 4 et 5 décembre de 10h à 19h
