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Ses papiers font fureur dans le petit monde de la création et des loisirs créatifs.  Des motifs sublimes, des couleurs à tomber, et en plus on voit tout de suite comment les utiliser puisque la charmante Adeline Klam les met en valeur avec ses superbes créations déco, notamment des lampes, des guirlandes d’origami ou bien encore des pêle-mêle, des boites à bijoux etc. Depuis le salon Création & Savoir-Faire Marie-Claire Idées qui s’est déroulé en novembre dernier, je m’étais rendue dans sa boutique, rue Galillée dans le 16ème, sans pouvoir la rencontrer. Voilà qui est chose faite puisque nous avons passé deux heures ensemble  autour d'un thé dans sa jolie boutique samedi soir.

Alors que son nom est associé à la finesse de ses papiers japonais, que les passionnés s’arrachent les feuilles de papiers qu’elle propose, Adeline Klam est d’une simplicité déconcertante. Elle s’excuserait presque de commencer à "percer" dans le milieu ! La jeune femme de 32 ans n’a pas toujours travaillé le papier japonais, puisqu’elle a d’abord été photographe pendant 5 ans.  "Mon père étant architecte, j'ai passé beaucoup de temps sur les chantiers. Je suis donc très sensible à la notion d’espace. De plus, mes parents nous ont toujours encouragés à faire de la création, cela faisait partie de notre quotidien. Ce sont eux qui m’ont soutenue quant les professeurs ont souhaité m’orienter vers de la comptabilité. Ils ont insisté pour que je puisse faire un bac  Arts Appliqués, et pour convaincre les professeurs, nous sommes allés faire des tests d’orientation ! " se souvient-elle.

Après son bac d’Arts Appliqués, elle a suivi une école d’Art et d’impression textile. "Nous avons beaucoup travaillé sur les gammes de motifs, de couleurs et je me servais beaucoup de mon travail photo pour créer des ambiances". L’univers de la jeune étudiante est alors "assez nostalgique, plutôt rétro. Avec une amie de l’école, on chinait des objets, on les mettait en scène, on créait un univers et je la prenais en photo". A sa sortie d’école, Adeline Klam travaille avec la boutique de prêt-à-porter A la bonne renommée et réalise leur catalogue.

Crédits photos : Adeline Klam

Depuis toujours, en parallèle de la photo, Adeline Klam crée des objets : coussins, guirlandes, grigris, piques à aiguilles, toujours des choses déco. Avec Cédric, son mari, ils s’amusaient à décorer les appartements de leurs amis, tels des architectes décorateur d’intérieur.

Pourtant, c’est pour la photo qu’Adeline Klam cherche un atelier-boutique. Elle le trouve rue Galillée, à côté des Champs Elysées. "Je voulais faire une rétrospective de mes quatre années de photos, et je souhaitais avoir un atelier pour développer mon côté créatif". Elle présente des petites broches et des objets chinés dans la vitrine, et les passants se demandent ce qu’il se passe et frappent à la porte. Alors Adeline  Klam commence à ouvrir de temps en temps et c’est ainsi qu’elle fait ses premières ventes. "Au départ je cherchais un espace pour travailler la photo et le reste, et puis au fur et à mesure, le reste a pris plus de place que la photo et le lieu est devenu une boutique". C’est donc tout naturellement qu’Adeline Klam se tourne vers la décoration.

A l'époque, alors qu'Adeline Klam ne travaille pas avec du papier japonais, ses créations ont déjà un côté zen avec leurs imprimés liberty, qui contrastent avec des tissus unis. Les formes qu’elle propose ont déjà un côté japonisant, grâce à du papier népalais dont elle se sert notamment pour réaliser les albums de photos de mariage de ses clients.

C’est lors d’un voyage au Canada et aux Etats-Unis qu’elle découvre le papier japonais. "J’ai trouvé que ce papier était génial à travailler, et les motifs étaient superbes". De retour en France, une rencontre la met en contact avec un fournisseur japonais, et tout s’accélère. "Ce fournisseur me propose des papiers qui viennent de nombreuses fabriques différentes du Japon, je les sélectionne sur catalogue. Je ne prends pas les papiers très traditionnels qui sont plus utilisés au Japon,  qui ont des tons et des motifs plus saturés. Je choisis les papiers avec des tons plus doux et des motifs différents qui correspondent davantage aux goûts des Françaises. Prochainement, je devrais pouvoir choisir les couleurs des papiers, ce qui me permettra de proposer une sélection encore plus fine".

Mais, et je pense qu’elle ne me contredira pas, Adeline Klam ne serait pas devenue Adeline Klam sans sa moitié, Cédric, qu'elle connait depuis le collège et avec qui elle partage sa vie depuis 10 ans. "Il me pousse énormément, c’est lui qui m’a convaincue de faire le salon Maison & objet il y a trois ans, que j'ai  fait la peur au ventre !". Cédric le dit lui-même,  il est "'son tout premier fan. J’avais envie qu’Adeline réussisse, qu’elle développe son activité, et je l’encourage depuis le début" raconte-t-il, lui qui a aussi un profil artistique, puisqu’il est peintre. "Il est beaucoup plus concret que moi, poursuit Adeline, il a aussi ce côté commercial que j’ai beaucoup moins. Il met en place le stand, il se demande sans cesse comment perfectionner les choses, il est très à l’écoute des demandes des clientes, note ce qu’il manque sur le stand et qu’il faudra ajouter la prochaine fois. C’est mon coach marketing" résume en riant Adeline Klam.

C’est aussi Cédric qui va encourager Adeline à vendre du papier japonais. "Au départ, en tant que créatrice, je ne me disais pas que j’allais vendre des matières premières aux autres. Je freinais un peu l’idée car je trouvais cela étrange.  Mais au premier salon Maison et Objet, quand les gens se sont rués sur les papiers japonais, j’ai vu qu’ils en cherchaient autant que moi, et j’ai pris énormément plaisir à partager. Puis au salon Marie-Claire idée la même année, nous n’avions que deux bacs de papiers japonais, les gens se les sont arrachés, et nous n’avons vendu aucune création ! C’est là que nous nous sommes dit qu’il fallait proposer des feuilles en plus des créations".  Dans sa boutique, elle propose actuellement 150 papiers différents. Adeline Klam propose également des kits, notamment pour réaliser des guirlandes en origami. Mais ses créations plaisent tout autant puisqu'elles sont distribuées dans une quarantaine de boutiques en France et à l’étranger.

Adeline Klam est devenue une référence. A tel point qu’elle a été sollicitée avec trois autres créatrices pour le livre "Les Parisiennes et l’art de la papeterie", publié aux éditions de Paris, d’abord en japonais et tout récemment en français.

La créatrice est désormais complètement installée dans l’univers japonais. Elle proposera prochainement du masking tape et des tissus japonais pour compléter son offre et satisfaire les créatrices et les amatrices du Do it yourself. Et pour toutes celles qui n’habitent pas en région parisienne, les papiers et les créations pourront être achetés en ligne : madame et monsieur Klam vous réservent un tout nouveau site et une boutique en ligne pour avril !

Adeline Klam

37 rue Galilée

750016 Paris

01.40.70.96.20.

Et vous, vous aimez les créations japonisantes ?  Les papiers proposés par Adeline Klam ne sont-ils pas sublimes ? Et vous, que créez-vous avec du papier japonais?

Fifi Mandirac parle très vite. C'est normal elle a beaucoup de choses à raconter puisqu'elle a fêté les dix ans de sa marque en juin dernier.  A partir de jeudi, la reine de la papeterie et du motif tout mimi et coloré met en place pour la troisième année son calendrier de l'avent sur son blog, grâce auquel, chaque jour, vous pouvez télécharger un motif . Fifi Mandirac, c'est plus de 150 motifs créés, et une marque distribuée dans plus de 150 boutiques. Et malgré tout le temps que cela lui demande, elle a trouvé un moment pour répondre à mes questions, et se dévoiler.


Qui se cache derrière Fifi Mandirac ?

Je m'appelle "S...." mais il ne faut pas le dire, il y en a tellement !  Fifi c'est mieux. J'ai eu l'idée de ce pseudo bien avant de créer ma marque, en 2000, en me rendant aux impôts. Le monsieur me demande si j'ai un pseudo, je n'en avais pas et j'ai donc réfléchi à ce qui pourrait me convenir. Fifi parce que bien évidemment, c'était mon surnom, et Mandirac est le nom de jeune fille de ma grand-mère, un nom du Tarn que je trouve très joli. L'association des deux m'a tout de suite plu !

Quel âge avez-vous ?

Ou là là, ça non plus ça ne se dit pas ! Je vais bientôt avoir 40 ans ! C'est pas beau hein ! J'ai deux enfants, une petite fille de cinq ans, et un petit garçon de 18 mois...

Comment est née Fifi Mandirac ?

Après mes études de graphisme, mon professeur m'a proposé de travailler dans une grande agence de publicité. Ce n'était pas ce que je voulais faire, mais un CDI, ça ne se refuse pas. Je n'ai pas aimé, alors j'ai changé d'agence, et puis j'ai encore changé d'agence. En trois ans et trois agences, il a fallu que je me rende à l'évidence : ce n'était pas ce que je voulais faire ! Et puis on est arrivé dans la période où les amis se mariaient. En faire-part, à l'époque, il n'y avait pas grand-chose. Soit c'était très classique, soit ça se voulait créatif mais ce n'était pas de très bon goût. Et entre les deux, il  n'y avait rien. J'ai donc commencé à designer des faire-part, et la boutique Lillibulle m'a dit que si je me lançais elle serait ma première cliente, c'est ce qui m'a décidé à franchir le pas.

Ça a fonctionné tout de suite ?

Il n'y avait pas beaucoup de créateurs à l'époque, dès que quelqu'un décidait de monter son entreprise, les gens étaient bluffés et séduits. C'était plus facile. Beaucoup de boutiques venaient faire des repérages chez Lilibulle, et cela m'a  aidée. Le fait d'être dans une boutique m'a aussi donné envie de développer d'autres choses,  c'est ainsi que sont nées les autres créations Fifi Mandirac.

Comment vient l'inspiration pour  les motifs ?

Ce matin par exemple, j'ai ouvert une valise, et en regardant le fond je me suis dit qu'il y avait quelque chose à faire avec. La valise est donc restée ouverte, et je l'ai mise près de mon ordinateur. Je ne regarde pas les autres motifs, parce que j'ai peur de m'en inspirer ou alors, si j'en trouve un joli, je vais regretter de ne pas y avoir pensé ! Je m'inspire davantage de la décoration, de la mode. En ce moment, c'est le rush, je dois préparer les vingt-quatre motifs pour le calendrier de l'avent, et je n'ai réalisé que cinq !

Justement, pourquoi mettre en place un calendrier de l'avent, alors que Fifi Mandirac fonctionne déjà très bien ?

Parce que j'ai envie de faire plaisir aux gens qui aiment ce que je fais.  Les gens achètent des cartes, mais ils ne les envoient plus parce qu'ils les gardent pour eux. Par contre, ils aiment fabriquer des choses. Mais je pense que cette troisième édition sera la dernière car  cela me demande énormément de travail, mais en même temps chaque année je dis cela, et chaque année la demande est tellement forte que je cède ! Et puis c'est un vrai exercice de recherche pour moi, à chaque fois je me dis que je vais les créer au fur-et-à-mesure, et à chaque fois je me retrouve à travailler dans l'urgence ! Je ne suis plus dans ma zone de confort, donc je fais un vrai travail de recherche et de création, ce qui me permet de progresser et de tester des nouvelles choses. Du coup, les motifs sont plus complexes. Mais les motifs sont destinés à l'usage privé. On peut en faire des cartes, des décorations de Noël, les utiliser en fond d'écran... Tout ce qu'on veut excepté les utiliser pour un usage commercial, ce qui implique les blogs ! Le principe c'est un motif par jour, si on le loupe, il ne sera plus là le lendemain, ce sera un nouveau.

Quels sont les goûts de Fifi Mandirac ?

Il n'y pas de logique ! J'aime tout ! Je peux passer du très rétro au très design, du très coloré au très épuré. Je ne cherche pas à ce que les choses aillent ensemble, je me dis qu'elles trouveront toujours une place. Chez moi, c'est pareil !

Comment s'organisent vos journées ?

Je travaille quand mes enfants ne sont pas là, c'est-à-dire de 8h30 à 18h30. Et quand ils se couchent, il n'est pas rare que je rallume l'ordinateur pour répondre à des mails ou écrire pour le blog. Je travaille aussi en tant que styliste pour les éditions LTA, qui ont publié mon livre il y a deux ans. Je mets en scène les photos qui illustrent leurs livres.

Vous êtes aussi l'une des co-organisatrices de l'expo-vente Le Super Market,  comment ce projet est né ? (voir le débrief de Parlons Création de la dernière édition)

C'est une très jolie histoire. Avant, j'avais un loft à Paris, et j'organisais des expos-ventes de temps en temps. J'ai déménagé à Saint-Denis, et cela était trop compliqué de faire venir les gens jusque là. Du coup, j'en ai parlé à une amie qui m'a dit qu'on pouvait malgré tout organiser quelque chose, et qu'elle connaissait un joli lieu. Mais c'était tellement grand ! Alors j'ai appelé des copines - deux créatrices et trois qui travaillent dans l'évènementiel - et nous avons commencé à en discuter. Les idées fusaient ! Et si nous mettions de la musique ? Et toi mon chéri, en tant qu'homme, qu'aimerais-tu dans une expo-vente ? Un bar ! Ok ! Il y a eu un tel enthousiasme après la première édition que nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas nous arrêter là ! Nos réunions de travail sont des supers moments, on est aussi parties toutes ensemble à Londres, bref, c'est une expérience géniale car nous y avons mis toutes nos envies et notre énergie positive ! D'ailleurs, je vous donne un scoop, la prochaine édition du Super Market aura lieu les 12 et 13 mai 2012 et cela se passera une nouvelle fois à l'Espace Commines.

Comment vous voyez-vous dans cinq ou dix ans ?

Une chose est sûre, je ne regrette pas d'avoir créé mon entreprise, j'aime suivre le processus de création du début à la fin. J'espère que je ferais encore cela ! Je n'ai pas de business plan, jusqu'à maintenant, j'ai toujours fonctionné avec les rencontres. Mais il est vrai que plus ça va, et plus j'ai envie de voir les motifs sur d'autres supports, comme le textile par exemple !

Ses poteries sont d’une légèreté et d’une finesse inouïe.  Ses décors, japonisants, sont raffinés, épurés et féminins à la fois. Et ses formes sont modernes. Je suis l’une des toutes premières fans de Florence Marquet, qui n’est pas n’importe qui pour moi, puisque c’est ma belle-sœur. Je suis son évolution depuis sept ans, et j’adore me rendre dans son garage qui lui sert d’atelier pour qu’elle me montre ses nouvelles pièces, ses nouveaux décors, de nouvelles formes.  Elle me dit souvent "Agathe, arrête de me dire que c’est magnifique, je vais finir par ne plus te croire". Mais je n’y peux rien : ses poteries sont sublimes, et si je ne a connaissais pas je craquerais tout autant 🙂

Florence est l’archétype du créateur : très réservée, elle est rarement satisfaite de ce qu’elle présente et ne se rend pas compte de la beauté de ses pièces. Elle  a tendance à se torturer l’esprit pour améliorer le moindre détail. Entre les nombreux marchés qu’elle fait en Bretagne où elle vit, et à Paris, c’est dans le froid, la porte de son garage ouverte pour avoir un peu de lumière, qu’elle fabrique ses pièces. Vaisselle utilitaire, tasses, plats, théières, vases, pots à cactus (grand succès) et bijoux, la gamme que propose Florence Marquet s’est étendue avec le temps.

Ses poteries, plutôt sombres au départ, qui sont désormais plus lumineuses.  A ses débuts il y a dix ans, Florence proposait beaucoup de créations contrastées bleu nuit - blanc, ou brun - blanc. Mais depuis deux ans, ses poteries - dans les tons blanc, rose et noir avec des petites touches de rouge  et de vert - sont beaucoup plus douces. "J’ai toujours aimé le contraste clair - foncé.  Quand j’ai déménagé de Marseille à Rennes, j’ai eu un problème d’émail et le résultat blanc, que je n’aurais jamais imaginé proposer, m’a plu. Le fait aussi de faire une pause pour élever mon fils m’a permis de mûrir des décors. Et puis comme pour tout le monde,  mes goûts ont évolué : avant je me tournais vers des céramiques aux couleurs vives, maintenant, je préfère les couleurs plus douces".  Florence s’inspire essentiellement de la nature, puisque toutes ses poteries sont décorées de petites fleurs qui rappellent les estampes japonaises.  Ce qui m’épate à chaque fois, c’est la finesse de ses pièces qui rappellent la fragilité de la porcelaine. Florence me confie d’ailleurs que dans l’idéal, elle adorerait travailler la porcelaine, même si ce n’est pas du tout la même technique que la terre vernissée.

De Marseille à Rennes en passant par Birmingham,  la jeune femme a pas mal vadrouillé. Après le bac, cette passionnée d’anglais choisit de s’inscrire en LEA à la fac, mais le système ne lui convient pas et elle décide de partir un an en Angleterre en tant que jeune fille au pair. Pendant cette année passée à Birmingham, la future céramiste prend des cours de poterie, un peu par hasard.  « J’avais envie de faire quelque chose de mes mains, mais je ne savais pas quoi. Mon père étant ébéniste, il nous avait transmis à mes frères et moi le goût du travail manuel ». Toutefois, la famille d’accueil de la jeune femme la met en garde et lui conseille de "trouver un vrai boulot et de faire de la céramique en tant que loisir".

C’est donc remotivée que Florence s’inscrit une seconde fois à la fac, mais ce n’est décidément pas son truc. Grâce aux modules de réorientation proposés à l’époque, elle fait un stage d’une semaine chez un potier qui achève de la convaincre sur son envie.  Elle part dans le sud-est, région où la poterie est reine, pour trouver un maître d’apprentissage et s’inscrire dans un CFA à proximité d’Uzès. Malgré le porte-à-porte, Florence ne trouve pas de maître d’apprentissage.

Pas découragée pour autant, elle passe une annonce dans la revue de la céramique et du verre. C’est alors qu’un couple de Roussillon tenant une maison d’hôte lui propose de travailler pour la maison d’hôte le matin, et de prendre des cours auprès du mari céramiste l’après-midi.  "Si Claire et Alain Briffa ne m’avaient pas rappelée, je ne serais peut-être pas céramiste aujourd’hui. Je leur dois beaucoup. Ce sont eux qui m’ont donné ma première chance, et ma première formation". Un coup de chance providentiel, puisque c’est aussi lors de son passage chez le couple que Florence rencontre le futur père de ses enfants, qui vient prendre des cours de poterie régulièrement.

Après neuf mois passés à Roussillon, Florence trouve un maître d’apprentissage et débute un CAP décoration de deux ans à l’Ecole de Céramique de Provence à Aubagne, qu’elle complète par une formation de tournage.  Puis elle donne des cours de poterie à Bouc-Bel-Air, un petit village situé entre Aix-en-Provence et Marseille. "Je n’étais pas encore prête pour me lancer seule, ce travail me convenait parfaitement. Je donnais des cours pendant trois jours, et le reste du temps je peaufinais mes propres pièces".

C’est une rencontre, une nouvelle fois, qui va lui permettre d’avoir le déclic. Annie Combe est propriétaire de l’Espace Céladon qui a une vitrine dans le quartier du Panier à Marseille (juste à côté de la boutique Plus belle la vie pour les fans !). Son but est de promouvoir des jeunes créateurs en leur louant un atelier à un prix modéré, tout en leur offrant une vitrine. Les artistes donnent également des cours pour enfants et adultes. Pendant deux ans, Florence partage ainsi l’Espace Céladon avec un verrier, un mosaïste et Annie, elle-même céramiste. "Grâce à l’espace Céladon, j’ai pu travailler sur une vraie production à temps complet, tout en me confrontant au public, qui me donnait des retours encourageants. Cette expérience m’a énormément apporté, et m’a aussi donné davantage confiance en moi et en mon travail". Florence commence alors à exposer ses pièces sur des marchés.

Malgré la chaleur de Marseille et la belle bleue, Florence et son mari décident de partir vivre en Bretagne, au vert. La céramiste fait alors une pause de deux ans pour élever son petit garçon. Elle a repris la céramique de manière active depuis 2009, et il faut dire qu’elle carbure. "Il y a un super réseau de créateurs à Rennes, très ouvert. J’ai rapidement été invitée à des expositions ou des marchés, ou alors on me donnait des tuyaux sur les dates à venir".  La céramiste donne aussi des cours dans une association, mais souhaiterait en donner davantage, notamment aux enfants. "Si je n’avais pas été céramiste j’aurais pu être institutrice. J’aime l’idée de transmettre quelque chose. L’univers de l’école maternelle –primaire me plait énormément, les enfants sont très réceptifs aux travaux manuels". L’idéal pour Florence serait d’allier la création et les cours. "Mais le jour où je verrais que les gens n’aiment plus ce que je fais, je m’arrêterais". Florence Marquet n’est donc pas prête d’arrêter son activité !

Et vous, que pensez-vous des céramiques de Florence Marquet ?

 

Autant vous le dire tout de suite, Rozenn Lagrée, créatrice de Fil Argenté, me fascine. Comme ça vous êtes fixés ! Cette nana c’est une wonder woman , et en plus, elle est adorable ! Quand je l’ai rencontrée à Hôtel Bohême en mars dernier, nous avons discuté un long moment, car lorsqu’elle commence à parler de sa passion, rien n’arrête Rozenn. Car créer ses sublimes bijoux reste ‘juste’ une passion pour la jeune femme de 28 ans, qui a un métier qu’elle adore : la demoiselle est architecte !

 

 

Parfois, les journées de Rozenn au sein du cabinet d’architecte pour lequel elle travaille durent jusque minuit. Mais la plupart du temps, elle commence vers 9h pour finir vers 19h ou 20h. Et pour se détendre, la jeune femme enchaîne sur son autre passion : créer des bijoux. "J’ai toujours été manuelle, je viens de la campagne bretonne, et le weekend, on n’a pas les mêmes loisirs qu’en ville !". C’est donc rapidement que Rozenn s’est fait ses propres bijoux. "J’aime beaucoup travailler les matériaux, comme l’aluminium ou le plexiglas".

 

 

 

C’est une rencontre qui va accélérer les choses. Une créatrice de bijoux tient une boutique en bas de chez Rozenn. Un jour, elle s’y rend avec sa sœur, et porte l’un de ses bijoux. La créatrice lui propose d’en faire plusieurs pour les exposer dans sa boutique. Les gens adorent ! Rozenn crée ainsi son statut d’entrepreneur et choisi le joli nom de Fil argenté car elle adore l’aluminium et l’argent, mais aussi parce que sa matière première se compose de fils d’argent qu’elle soude, martèle ou à partir desquels elle fait des boules.

 

 

Mais comme Rozenn est une perfectionniste. "Je me suis aperçue que je ne pouvais pas souder l’aluminium, alors j’ai décidé de prendre des cours du soir à l’Ecole Boule via la mairie de Paris pour pouvoir travailler l’argent". Elle termine actuellement sa deuxième année. Mais la jeune femme, malgré son investissement et son talent, souhaite garder la création comme un loisir. "Je ne suis pas dans la compétitivité. Quand je crée un bijou, je le fais pour moi, et ensuite s’il plait je le reproduit pour les autres". C’est ainsi que de nombreuses collègues de Rozenn portent les mêmes bijoux.

 

 

Rozenn se rendait dans les salons en tant que cliente. Depuis qu’elle a lancé sa marque, elle y est en tant que créatrice. "Les salons me permettent d’avoir des deadlines, et comme en architecture nous travaillons sur planning, je sais quand je vais avoir des périodes de creux et me consacrer aux bijoux. Et j’aime beaucoup avoir des contacts avec les gens, voir ce qu’ils pensent de mes bijoux".

 

 

 

Pour créer, Rozenn s’inspire de ses voyages, et de la nature. "Ce qui me plait c’est d’avoir une idée et de chercher comment la mettre en œuvre. Avec quel système, quel matériau". Pour sa nouvelle collection, la jeune femme a eu l’idée de créer un bijou avec une goutte de verre au sein de laquelle elle met une plume. "J’ai fait appel à un souffleur de verre pour créer la goutte, et je le porte pour voir si ca plait". La jeune architecte peut tester toutes sortes de choses sans restriction financière, en raison de son travail, et elle a pleinement conscience de cette chance. Récemment, elle a suivi un stage personnalisé pour la cuisson des émaux à Lyon et a pu tester de multiples techniques.

 

 

Rozenn Lagrée ne pourrait pas et ne veux pas abandonner son travail d’architecte. "J’aime beaucoup mon métier, l’idéal serait un temps partiel mais ça ne se fait pas dans l’architecture". Très philosophe, la jeune femme continuera donc ses journées doubles. Car elle aime avoir la satisfaction "de tout créer de A à Z".

 

Et vous, que pensez-vous des bijoux Fil argenté ? Quels sont les modèles que vous préférez ?

Quand je suis allée voir l’exposition 200 bagues 20 créateurs à la Galerie Goutte de Terre (lire l'article sur l'expo et le concept de la galerie) j’ai flashé sur  les créations de  Lunaticart, en argent recyclé travaillé. J’ai regretté d’être malade lors du vernissage,  car les exposants auraient été présents et j’aurais pu rencontrer la créatrice de ces bijoux. J’ai alors demandé à  une jeune femme de  la galerie si certains créateurs étaient parfois présents, et elle m’a alors répondu qu’elle était créatrice…en me montrant ses bijoux signés... Lunaticart.  Ah ah ! Pour une fois que j’ai de la chance !

Bérénice (on prononce Béréniché, madame est mexicaine) Schaltegger (oui, c’est la femme du fondateur de la Galerie Goutte de Terre) s’est alors empressée de me montrer son petit atelier derrière la galerie, de me parler de l’initiative de son mari et elle m’a donné énormément de conseils. "Et 'tou' devrait contacter telle personne, et regarder tel site pour transformer tes photos".  Bérénice aurait pu être l’agent du blog. Spontanée, très communicative, dynamique, chaleureuse et très marrante, elle a une personnalité  fantastique.

Pendant nos deux heures de discussion, j’ai été sidérée par sa vie de baroudeuse qui a tourné au conte de fée.  Originaire du nord du Mexique, Bérénice se destinait à une carrière dans le commerce international. "Je voulais voyager, et l’on m’avait dit que le commerce international était le métier idéal pour cela. Mais je me suis vite rendue compte qu’on passait surtout huit heures par jour devant un ordinateur, ce que je ne voulais pas".

Du jour au lendemain, elle vend ses meubles. Elle rencontre un artisan à qui elle raconte son envie de voyager… et son manque d’argent pour réaliser son souhait.  Il lui dit de faire de l’artisanat, que lui vit de ça. Bérénice commence alors à créer des bijoux pour manger et dormir. Et trace sa route à partir de 2000 : Amérique Centrale, Vancouver, Grande-Bretagne, Écosse, Italie, Espagne, Inde…"Parfois je restais quelques jours dans un pays, parfois plusieurs mois. Mon but n’était pas de revenir avec une multitude de photos, de toutes façons je n’avais pas les moyens de m’offrir un appareil, mais je voulais surtout rencontrer des gens". Pendant cinq ans, Bérénice fait donc le tour du monde. Au fur et à mesure,  "créer des bijoux est devenu non plus un besoin pour me nourrir mais pour vivre, je ne voulais plus faire autre chose".

Parler de Bérénice sans parler de sa rencontre avec son mari Raphaël Schaltegger est impossible pour la fleur bleue que je suis. Leur histoire est incroyable. Ces deux là se sont croisés une première fois au Guatemala en 2000, chacun est alors en couple. Deux ans plus tard, ils se retrouvent une nouvelle fois par hasard en Inde (si si c’est vrai) et passent du temps ensemble mais continuent chacun à voyager de leur côté. L’année suivante, c’est en Écosse.  "Nous nous sommes dit que c’était le destin, et nous nous sommes donné rendez-vous l’année suivante à Belle-Ile en Mer car nous avions chacun un chemin à faire, séparément". Depuis 2004, un mariage et un enfant plus tard, ils ne se quittent plus.  Après quatre ans passés à Belle-Ile en Mer, où Bérénice vend ses bijoux l’été sur les marchés et ceux créés par une association du Sud du Mexique dont elle s’occupe. Elle enseigne ainsi à une dizaine de femmes la création de bijoux. En 2009,  ils décident de venir sur Paris pour lancer une galerie éthique et solidaire.

La créatrice a longtemps fait de l’assemblage de pierres comme le Quartz, des graines naturelles ramassées qu’elle perce avec une vieille machine. Elle travaille aussi le macramé. Ce n’est qu’en 2005, quand elle retourne au Mexique, qu’elle suit des cours à l’école d’arts plastiques de bijoux et d’argenterie.  Elle n’y restera que trois semaines, en raison des complications de sa grossesse. Ces trois semaines sont donc les seuls cours qu’a suivis Bérénice, complètement autodidacte. Elle rêverait pourtant de suivre une formation dans une école de bijouterie, mais les inscriptions sont très chères, environ 7 000 euros l’année à l’école de la Rue du Louvre. Elle aimerait ainsi se  perfectionner  : "apprendre de  nouvelles choses est toujours intéressant et apporte de nouveaux horizons, par exemple, je ne sais pas dessiner".

Elle commence la soudure en 2007 et n'utilise que des matières éthiques. "Tous mes bijoux sont en argent recyclé". Mais la motivation première de Bérénice n'est pas de gagner de l'argent.  "Quand je vends un bijou je ne veux pas en profiter, je reverse toujours une partie à des associations. Ma mère m’a toujours inculqué le fait d’aider. J’ai grandi avec l’idée qu’on ne vit pas que pour soi-même, et cette partie de ma vie, l’association que j’ai arrêtée en raison de difficultés évidentes comme les transports, me manque énormément". Depuis un an, Bérénice vit de ses créations. "Mon mari m’a énormément aidée, il m’a permis de ne pas avoir à me préoccuper d’un éventuel manque d’argent".

La créatrice fabrique ses bijoux deux à trois heures par jour. "Les vendre me prend beaucoup de temps. Je prends des photos, je raconte une histoire pour chaque bijou, je réponds aux commandes et aux commentaires et je tente de me faire connaître sur le web, cela prend énormément de temps. Je cherche aussi méticuleusement mes matières premières, vérifie leur provenance".

Les Schaltegger ne feront sûrement que passer par Paris. Bérénice et son mari ont acheté un terrain dans le Sud du Mexique avec le projet d’y construire une maison d’artistes. "C’est notre souhait, mais on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve".

La boutique de Lunaticart sur Etsy : clic clic clic

La Galerie Goutte de Terre: clic clic clic